top of page
COUR D’HONNEUR DU PALAIS DES PAPES

Festival d’Avignon, France

10 juillet 2016

+
ALICE TULLY HALL

Lincoln Center Festival, New York, USA

19 juillet 2017

+
JOHN ANSON FORD THEATRE

Los Angeles, USA

23 juillet 2017

+
PHILHARMONIE DE PARIS

France

8 octobre 2018

Yitzhak Rabin: Chronicle of an Assassination

Yitzhak Rabin. Chronique d’un assassinat

1 H 45 – Hébreu, Arabe, Surtitré ou Français

1 H 45 – Hébreu, Arabe, Surtitré ou Français

Le cinéaste, Amos Gitai a réalisé Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin, film-enquête et choral
sur l’assassinat, le 4 novembre 1995, du Premier ministre israélien au sortir d'une manifestation pour la paix et contre la violence à Tel-Aviv. Cet assassinat projette une lumière froide, brutale,
sur un univers sombre et terrifiant – un univers qui a rendu possible le meurtre, comme le découvre une opinion publique traumatisée. Pour la Cour d’honneur du Palais des papes, à partir des souvenirs de Leah Rabin, l’épouse du Premier ministre, Amos Gitai a imaginé une « fable » débarrassée de tout formalisme et portée par une distribution d’exception. Quatre protagonistes féminines, quatre voix associées dans un mode récitatif, « entre lamentation et berceuse » qui vont remonter le cours de l’Histoire et de la violence inouïe avec laquelle les forces nationalistes se sont opposées au projet de paix en déchirant le pays. Quatre voix prises, comme « dans une chambre d'écho », entre des images-documents et des extraits de la littérature classique – cette mémoire vive qui accompagne depuis toujours le cinéaste et metteur en scène dans sa compréhension
du monde. Pour nous, qui laissons circuler dans notre esprit les événements de ce récit historique, la réalité est une juxtaposition des fragments gravés dans la mémoire collective.


ENTRETIEN AVEC AMOS GITAI

Vous avez réalisé l’année dernière un film-enquête sur les circonstances politiques qui ont conduit à l’assassinat d’Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien et Prix Nobel de la paix, le 4 novembre 1995 à Tel-Aviv. Vous avez ensuite présenté une installation multimédia au MAXXI à Rome
sur le même sujet, qui sera exposée cet été à la Fondation Lambert. Vous créez aujourd’hui pour
le Festival d’Avignon un spectacle consacré à cet assassinat politique. Pourquoi choisissez-vous de représenter cet événement historique à travers ces trois formes d’expression artistique ?

Amos Gitai : Pour moi, le meilleur hommage qu’un artiste puisse faire à sa propre culture est
de faire un travail critique. L’assassinat de Rabin il y a vingt ans marque un tournant dans l’histoire contemporaine d’Israël. Et nous vivons encore les conséquences de cet acte brutal. Le dialogue israélo-palestinien, qui est crucial pour le Moyen-Orient, a été progressivement arrêté et décapité. Dans un contexte comme celui-là, le problème de l’artiste, du cinéaste, de l’écrivain est le suivant : que faire quand on vit à côté d’un volcan ? Quelle est la forme artistique que l’on peut proposer ?
Il y a quelques années, nous avons décidé de faire ce projet sur l’assassinat de Rabin comme
un geste de mémoire et même avec un espoir… Parfois, lorsque vous ressuscitez la mémoire,
cela peut faire bouger les choses. Mais il faut rester modeste : l’art n’est pas la façon la plus efficace de changer la réalité. La politique ou les mitrailleuses ont un effet beaucoup plus direct. Cependant, l’art agit parfois à retardement, parce qu'il conserve la mémoire au moment où
les pouvoirs en place voudraient l’effacer, car ils veulent de l’obéissance, ils ne veulent pas être dérangés ou contestés. Donc j’ai senti la nécessité de traiter cet événement particulier, l’assassinat de Rabin, à travers trois formes différentes, et avec toutes les résonances que cela crée. Maintenant, c’est le temps du théâtre. L’idée de cette présentation à trois facettes est politique. C’est un geste citoyen.

 

Comment avez-vous conçu le spectacle qui sera présenté à Avignon ?

Dans tous mes projets, j’aime me confronter à l’espace, qu’il s’agisse d’un film, d’une exposition ou d’un spectacle comme ici à Avignon. Le spectacle est raconté du point de vue de Leah Rabin, la veuve de Rabin. C’est comme une berceuse ou une histoire qui relate un événement mythologique. Ce rôle est incarné par deux comédiennes, l’une palestinienne, l’autre israélienne : Hiam Abbass et Sarah Adler. Elles viennent toutes les deux de cultures différentes mais elles vont partager avec nous leurs souvenirs de l’assassinat comme si elles nous disaient une berceuse
ou un conte.

 

Allez-vous intégrer des éléments filmiques dans le spectacle ? Ferez-vous aussi référence au film et à l’exposition sur ce sujet ?

Nous allons installer deux tables de taille et de forme différentes pour les deux comédiennes.
Sur la grande façade du Palais des papes, nous allons projeter des fragments d’archives vidéo liées à cet événement. Nous y projetterons aussi par moments leur visage pendant qu’elles jouent. Il y aura aussi deux musiciennes sur scène, qui apporteront une présence ou un contrepoint lyrique. La pianiste Edna Stern jouera des préludes de Jean-Sébastien Bach tandis que Sonia Wieder-Atherton, au violoncelle, proposera des réminiscences de Monteverdi, de Bach et de mélodies égyptiennes. Le chœur chantera une lamentation de Ligeti. J’aime beaucoup ce que m’a dit Jeanne Moreau, lorsque nous avons travaillé ensemble. Elle m’a dit qu’elle décide ou non
de faire un projet si elle sent qu’elle peut en apprendre quelque chose qu’elle ne sait pas déjà.
Je pense que c’est une bonne attitude. Beaucoup de gens aiment faire ce qu’ils savent déjà, beaucoup d’acteurs reproduisent un numéro qu’ils ont déjà fait. Mais si vous pouvez découvrir quelque chose que vous ne connaissez pas déjà, cela enrichit votre expérience humaine.
Quoi qu’il en soit, Jeanne Moreau est pleinement consciente que notre passage sur cette terre est bref et qu’un nouveau projet devrait être l’occasion d’étendre notre sagesse et nos connaissances. En travaillant sur ces trois formes de représentation autour de l’assassinat de Rabin, nous avons vécu ensemble une expérience, et je dis ensemble parce que ce n’est pas seulement moi,
mais tous ceux qui qui ont donné de leur temps, de leur énergie, leur interprétation et leur lecture de ces événements. Tout cela est fertile.

Propos recueillis par Francis Cossu


Avec Hiam Abbass, Sarah Adler et les musiciens Edna Stern (piano), Sonia Wieder-Atherton (violoncelle), le chœur du Lubéron Texte Amos Gitai, Marie-José Sanselme Mise en scène Amos Gitai Lumières Jean Kalman Musique Bach, Ligeti Direction de chœur Johan Riphagin

Production Agav Films En partenariat avec RFI, France 24, Monte Carlo Doualiya

THEATER

bottom of page